La Finlande est le 31e État à rejoindre l'Otan. Si on décompose ce mot de Finlande, la première syllabe est emprunté au latin -finis- : la fin, la limite, la frontière ; et la deuxième est germanique -land-, elle désigne une terre, un territoire. Alors, la Finlande, est-ce le pays de la fin des terres ? L’extrémité nord de l’Europe ? Oui et non, mais l’histoire du mot est longue... Écoutez les explications d'Yvan Amar dans cette chronique, avec sa transcription.
En partenariat avec la Délégation Générale à la Langue française et aux Langues de France (DGLFLF).
Le mot de l'actualité avec la délégation à la langue française du ministère de la Culture. Yvan Amar.
La Finlande est au cœur de l'actualité depuis hier puisque maintenant elle fait partie de l'Otan : c'est le 31ᵉ État à rejoindre cette organisation. Donc on s'y intéresse et notamment on s'intéresse à son nom. D'où vient-il ? On peut l'interpréter de façon fautive.
Déjà, on peut se rappeler que ce mot, Finlande, a été imaginé dans des langues étrangères au pays. Land, bien entendu, c'est une racine germanique qui désigne un territoire. Radical qu'on trouve dans de nombreux noms de régions comme Hollande ou d'État comme Irlande, etc.
Alors spontanément, on pourrait penser que puisque la Fin-lande est située très au nord de l'Europe, elle constitue la fin des terres, la dernière terre habitée avant le cercle polaire. Alors, géographiquement, il faut se souvenir déjà qu'une bande de terre norvégienne passe au nord de la frontière finlandaise. Mais ce n'est pas de la linguistique, c'est de la géographie. Et le mot Finlande, est-ce qu'il renvoie à l'idée d'une fin. Oui et non, parce que sa première syllabe nous vient du latin. Il semble que ce soit l'historien Tacite qui est appelé, dans les premiers textes que nous possédons, les habitants de cette région, les Finis. Et ce mot de Fini, Tacite l'avait emprunté aux Grecs. Seulement aujourd'hui, on sait plus très bien ce que voulait dire Fini ou Phinnoï dans le grec de cette époque. Est-ce que ça renvoyait à une divinité mythologique, à un type d'oiseau qu'on imaginait niché dans ce Nord peu connu ? En tout cas, Tacite emprunte ce radical aux Grecs, seulement Tacite est latin, et en latin, finis, ça ressemble beaucoup à un mot qui veut dire la limite, la frontière. Finis, d'où nous vient en français le mot fin. Donc, il est vraisemblable que Tacite, lui-même, a fait une sorte de jeu sur les significations. Quant au mot Finlande, lui-même, il a été introduit bien plus tard par les Suédois pour désigner notamment le sud-ouest du pays, où beaucoup de Suédois s'étaient installés.
Donc aujourd'hui, on parle (en français) de Finlande pour le pays, de Finlandais pour les habitants et de finnois pour la langue. Une langue particulière d'ailleurs, qui ne ressemble pas à beaucoup de langues qui l'entourent. Ce n'est pas une langue scandinave comme le suédois, danois, norvégien. Ce n'est pas une langue germanique, ce n'est pas une langue slave. C'est une langue qu'on appelle finno-ougrienne, qui ressemble à l'estonien ou même au hongrois, qui est pourtant parlée dans une zone très éloignée.
Encore un mot sur un terme d'histoire politique, la finlandisation. Un mot négatif qui désigne l'influence que peut avoir un pays puissant, à la puissance parfois inquiétante, sur un autre qui est beaucoup plus modeste. Eh bien cela fait référence aux pressions de l'Union soviétique sur la Finlande pendant la Guerre froide. La Finlande, en effet, affichait une neutralité dans ses positions et ne s'était pas alignée sur les positions de l'Europe de l'Ouest. Maintenant, elle appartient à l'Otan, les choses sont donc assez différentes.
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