Un scandale a éclaté autour des funestes pizzas contaminées par une bactérie. Mais d’où viennent-elles ces pizzas ? Et leur nom… est-il encore italien, ou déjà bien français ? Écoutez les explications d'Yvan Amar dans cette chronique, avec sa transcription.
En partenariat avec la Délégation Générale à la Langue française et aux Langues de France (DGLFLF).
Le mot de l'actualité avec la délégation à la langue française du ministère de la Culture. Yvan Amar.
Le scandale des pizzas Buitoni a éclaté, des pizzas contaminées par une bactérie qui ont provoqué la mort de deux enfants et rendu malade des dizaines de consommateurs.
Mais enfin, cela pointe du doigt ce mot étonnant de pizza. Bien sûr d'origine italienne, mais qui est devenu très courant en France depuis l'après-guerre, depuis que ce plat est devenu extrêmement populaire. De quoi s'agit-il ? Bah, c'est une sorte de pâte, une pâte à pain plate, ronde, pas très cuite, aromatisée avec un peu de tout : tomates, anchois, oignons... Et on est tous familiers des pizzas les plus courantes, qui portent des noms ou bien d'origine napolitaine ou sicilienne - et la plupart du temps, sur les menus, on garde les mots en italien - ou bien en général qui se déclinent d'après le calendrier : pizza quatre saisons. Des pizzas avec un « s » au pluriel, pas de problème. Le mot garde l'accent de son origine, mais il est bien francisé. Et il a fait d'ailleurs quelques petits : la pizzeria, c'est-à-dire le restaurant où l'on vend et mange des pizzas ; et même moins fréquent, mais on peut l'entendre en France et en français, le pizzaïolo, celui qui fabrique, qui enfourne, parfois qui sert les pizzas. Et dans tous ces mots, on voit bien qu'on conserve cette séquence de deux « z » qui se prononce en français comme si on avait la séquence « dz ». On dit « pidza » et pas « pisa ».
Alors, sont-ils si nombreux les mots italiens passés en français qui présentent cette particularité ? Il y en a quelques uns. Par exemple : paparazzi. On sait que ce mot désigne en général, pour les dénigrer ou les mépriser, des photographes embusqués, cachés, qui essaient de prendre des photos de célébrités dans des situations qui mettent en scène leur vie privée, le plus souvent amoureuse. Alors ces photos sont souvent publiées dans la presse à scandale. Ça témoigne d'un certain voyeurisme journalistique. Rien de nouveau là-dedans, on le sait tous. Mais ce mot de paparazzi, il vient du cinéma et du film « La Dolce Vita », en 1960, où l'on voit un jeune photographe qui se nomme Coriolano Paparazzo. Et paparazzo, en italien, c'est un mot-valise, c'est-à-dire un mot qui en condense deux autres : papatacci, au pluriel, qui est un genre de moustique, et puis razzi, au pluriel, qui désigne les éclairs du flash - et à l'époque, les appareils de photo étaient munis de grosses ampoules fortes à éclairage court, soudain. Et paparazzi, qu'on écrit parfois en français avec un «s» au pluriel, garde son « i » final, même au singulier : on dit « un paparazzi ». De même qu'on dit « un lazzi », un mot plus ancien qui arrive en France avec la mode du théâtre italien vers le XVIIᵉ siècle, et qui désigne tout simplement une moquerie ou un trait sarcastique, et qui garde là aussi une trace sonore de sa lointaine origine.
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