Une terre où coulent le lait et le miel est tentante… Mais des paroles mielleuses inspirent la défiance… Comment cette image peut-elle susciter des associations aussi contraires ? Le miel, une denrée et un mot ambigus.
En partenariat avec la Délégation Générale à la Langue française et aux Langues de France (DGLFLF).
Le mot de l'actualité avec la délégation à la langue française du ministère de la Culture. Yvan Amar.
Le miel, une denrée plus convoitée qu'à l'ordinaire. Eh bien, il semble que la demande augmente sensiblement en ce moment. Et tout récemment, RFI pointait le fait que les miels en vente en Europe souffriraient d'un manque d'information. Souvent, on ne sait pas exactement d'où ils viennent. Ou alors on ne connaît pas leur composition exacte. Et certains d'entre eux sont soupçonnés de ne pas être absolument purs. On pourrait leur ajouter des sirops.
Le miel, on sait bien ce que c'est ! Une substance visqueuse, ça colle, c'est une pâte plus ou moins liquide, très sucrée, produite par les abeilles. Alors, elle est comestible, souvent appréciée, et le miel a été la principale manière de sucrer des aliments ou des boissons pendant très longtemps. Le mot sous des formes diverses, il est courant dans la plupart des langues latines, alors que les langues anglo-saxonnes utilisent une racine tout à fait différente, c'est « honey ».
Mais en français, comme dans les langues avoisinantes, le terme évoque la douceur et même le bonheur, la félicité, un genre de paradis sur terre presque. Et dans l'Ancien Testament, Moïse va conduire les Hébreux vers cette terre promise dont on nous dit qui coule le lait et le miel. Cette suavité, elle va se retrouver quand le miel qualifie des paroles ou des comportements ou des attitudes. Mais attention parce que l'extrême douceur peut se retourner. Le miel peut être associé à un excès, donc à de bons sentiments contrefaits, prétendus, faux, quoi. Et des paroles mielleuses, ce sont des paroles hypocrites, faites pour séduire, pour endormir la méfiance, s'attirer les bonnes grâces, quémander un pardon, faire accepter une requête. Il y a toute une tartufferie qui se cache derrière.
Et pourtant, ce mot de miel a, paraît-il, été un surnom tendre ou amoureux en français qui correspond au « honey » anglais. Mais enfin, il est totalement oublié dans cet emploi aujourd'hui, même si certains dictionnaires l'attestent pour la fin du XIXᵉ siècle.
Alors, on le disait, le miel est produit par les abeilles. Le mot abeille dérive du mot apis qui permet de comprendre les mots savants mais courants de : apiculture, la culture du miel, apiculteurs, ceux qui s'en occupent. Et même si elles peuvent piquer, elles ont une réputation très flatteuse de travailleuses infatigables. L'image est souvent utilisée dans des comparaisons qui mettent en avant ces qualités.
Mais pourtant, c'est la ruche qui est le plus souvent utilisée de façon métaphorique. On sait que c'est l'habitat des abeilles dont la vie est très hiérarchisée. Et on parle d'une ruche pour désigner un lieu de travail incessant et très bien organisé. Chacun y a sa tâche, sa place, l'endroit bourdonne d'une activité industrieuse, efficace, sans relâche. Et ce mot, de ruche, est l'un des rares qui nous viennent de la langue gauloise. C'est un mot, bien sûr, qui touche à la vie agricole, comme la plupart de ceux que le français a hérité des langues celtiques parlées justement par les Gaulois.
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