Désobéissance civile, ou civique… Il ne s’agit pas d’enfants qui ne font pas ce qu’on leur dit : le geste est bien différent, bien plus adulte, et pourrait-on dire, bien plus citoyen ! Écoutez les explications d'Yvan Amar dans cette chronique, avec sa transcription.
En partenariat avec la Délégation Générale à la Langue française et aux Langues de France (DGLFLF).
Le mot de l'actualité avec la délégation à la langue française du ministère de la Culture. Yvan Amar.
Les appels à la désobéissance civile se multiplient un peu partout dans le monde : on appelle à désobéir à un pouvoir ou parfois simplement à une loi, c'est la signification de cette expression. Mais attention, il ne s'agit pas de révolte : on ne se soulève pas, on ne prend pas les armes, on n'essaye pas de se mettre à la place de l'autorité, mais simplement on ne lui obéit pas. On lui dit non ! Et il y a quelque chose qui s'apparente à un refus tranquille dans cette formule, hein, calmement, sans violence inutile, avec une certaine sérénité même. On est sûr de son bon droit et on désobéit. C'est-à-dire qu'on fait savoir qu'on considère que le pouvoir en place est illégitime et qu'on ne va pas lui obéir.
Mais attention, cette idée de désobéissance civile, qui n'est pas toute récente, ne s'applique pas toujours à l'intégralité du pouvoir. Parfois, elle est plus modeste et même plus ciblée. Par exemple, on décide de ne pas payer tel ou tel impôt car on considère qu'il est affecté à un usage qu'on condamne. Eh bien, évidemment, cette force n'est opérationnelle que si elle est nombreuse. La désobéissance civile se donne donc comme collective. Une personne qui ne paye pas ses impôts, on la met à l'amende. 50 000 personnes qui ne payent pas leurs impôts, ça, c'est un acte politique, c'est autre chose. Et ça risque également de jouer sur les finances de l'Etat, mais surtout, ça se remarque, ça ne peut pas rester caché.
Alors, on a pu souvent entendre parler de désobéissance civique. Le sens est le même. Les deux mots civil et civique sont proches. On penche maintenant pour civil, mais enfin les deux termes évoquent une idée de citoyenneté. Pourtant, ils n'ont pas le même usage. Par exemple, on distingue les droits civiques et les droits civils. Les droits civiques se rapportent à la possibilité de participer à la vie de la cité : le droit de vote, de se présenter aux élections, d'exercer une magistrature ; alors que les droits civils ont un rapport avec les libertés individuelles : le droit à la liberté d'expression, au respect de la vie privée ou bien simplement le droit de se déplacer sur le territoire national.
Et la désobéissance est parfois concurrencée par une autre expression : le refus d'obéissance. Les deux idées sont liées, bien évidemment, mais enfin un peu différente quand même. La désobéissance, c'est le fait de ne pas faire ce qu'on devrait faire. Mais on le sait, nul n'est censé ignorer la loi, la loi attend quelque chose de vous. La désobéissance, ça consiste à ne pas le faire. Quand on vous donne un ordre explicite exprimé clairement et que vous refusez d'obtempérer, c'est-à-dire d'obéir, là, il y a une différence, il y a un saut qualitatif, c'est plus marquant, c'est parfois plus dangereux et on peut vraiment parler de refus d'obéissance.
Voir moins Voir plus