Salon de l’Agriculture, salon des Indépendants, salon de coiffure… Un même mot pour des réalités bien différentes. Quel point commun à tout cela ? Écoutez les explications d'Yvan Amar dans cette chronique, avec sa transcription.
En partenariat avec la Délégation Générale à la Langue française et aux Langues de France (DGLFLF).
Le mot de l'actualité avec la délégation à la langue française du ministère de la Culture. Yvan Amar.
Cette semaine se déroule à Abidjan, en Côte d'Ivoire, la 13ᵉ édition du Sila, c'est-à-dire du Salon international du livre d'Abidjan. Bonne occasion de parcourir cette grande vitrine d'une offre littéraire très multiple, qui met en avant une littérature riche qu'on connaît encore trop mal, qui englobe l'ensemble de la francophonie. Alors ce Salon du livre, bien sûr, n'est pas le seul à faire connaître cet univers culturel : des salons, on en a à Dakar, à Alger, à Paris, à Genève, etc. Il existe d'ailleurs d'autres manifestations qui ne sont pas à proprement parler des salons, mais qui mettent en avant tous ceux qui officient sur la chaîne du livre. Essentiellement, bien sûr, les auteurs.
Alors, un salon, qu'est-ce que c'est ? Un lieu ouvert et qui pourtant donne l'impression d'un lieu relativement fermé. Mais ce mot de salon s'emploie dans bien des circonstances pour désigner des réalités très diverses. Au départ, qu'est-ce que c'est qu'un salon ? Un salon, c'est une petite salle, évidemment, et cela a longtemps désigné l'une des pièces de la maison destinée à la réception : on y reçoit ses hôtes. Et attention, les autres pièces en général sont nommées par rapport à leur usage : on a la cuisine, la salle de bain, la chambre à coucher, la salle à manger... Le salon, lui, il réunit les habitants et ceux qui sont conviés, sans préjuger de ce qu'ils vont y faire, dans cette petite pièce. Lieu donc d'une mondanité privée : on convie, on invite, on s'ouvre à autrui, mais sans sortir de chez soi. Et qu'est-ce qu'on fait ? Bah, on cause en général, c'est-à-dire qu'on parle, on discute, etc. Et c'est ainsi que se comprend le sens qui apparaît au XVIIᵉ siècle, surtout à Paris. Les salons où l'on ne se rend que si on y est invité, ce sont ces lieux où l'on discute de tout ce qui peut être discuté : la politique, les idées nouvelles comme on dira au XVIIIᵉ siècle et surtout les arts, tout ce qui est subjectif, sujet au jugement. Et bien entendu, on trouve ces salons chez des gens qui ont du bien, et le temps de se consacrer à ces activités qui ne sont pas essentielles à la survie : les salons sont l'apanage, c'est-à-dire le privilège, de la grande bourgeoisie et de l'aristocratie.
Et puis le sens du mot va évoluer. On appellera salons, les lieux publics où les artistes, les peintres, les sculpteurs exposent leurs œuvres. Donc, ce sont des espaces où l'évolution artistique rencontre un public nouveau, parfois surpris, réticent, devant justement les innovations des artistes.
Et enfin, ce même mot de salon, il s'applique aujourd'hui à de petits lieux publics qui ont pignon sur rue : il y a une porte, on peut y entrer. On y fait du commerce, mais on y vend des services, pas des biens concrets, hein. On parle ainsi de salon de coiffure : on s'y fait couper les cheveux ou raser la barbe ; ou salon de beauté par exemple : on s'y fait couper les ongles ou les poils.
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