Burn out, ou syndrome d'épuisement professionnel
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On nous dit que le chanteur Stromae serait soumis à un burn out. Que se cache-t-il donc derrière une expression si mystérieuse ? Écoutez les explications d'Yvan Amar dans cette chronique, avec sa transcription.
En partenariat avec la Délégation Générale à la Langue française et aux Langues de France (DGLFLF).
Le mot de l'actualité avec la délégation à la langue française du ministère de la Culture. Yvan Amar.
Stromae victime d'un burn out... Eh bien, on vient de l'apprendre, le célèbre chanteur belge d'origine africaine annulerait sa dernière tournée, c'est-à-dire son itinéraire de concert. Pourquoi ? Parce qu'apparemment il n'en peut plus, à cause d'une pression qui est trop forte, d'un stress. Oui, encore un anglicisme comme burn out, mais enfin qui s'applique bien à ce genre de situation. Le stress donc, le trac, l'inquiétude de savoir s'il va plaire, le rapport au public... Et puis cet envoûtement particulier qui émane des artistes. Les artistes qui montent sur scène, qui doivent séduire, qui doivent captiver, faire tomber sous leur charme tous ceux qui sont venus les entendre. Eh bien tout cela, en effet, doit demander une énergie très spéciale, hors du commun, et réussir tous les soirs, ça, c'est difficile. Et ça, ça vous épuise un homme, donc épuisé.
Eh bien justement, la traduction proposée par le site FranceTerme à burn out est « syndrome d'épuisement professionnel ».
Tout cela est très révélateur d'une société contemporaine. Syndrome, on comprend bien ce que c'est, non pas un symptôme, bien que les deux mots se ressemblent, mais un ensemble, une série coordonnée de symptômes, c'est-à-dire de signes qui se manifestent de façon pathologique. Il y a quelque chose qui ne se passe pas bien dans un comportement, il y a des dysfonctionnements, des troubles qui se répondent. Et pour le burn out, on a aussi quelques signaux justement : fatigue extrême, angoisse d'échec, et cetera. On craque quoi ! Et il est intéressant de voir que cette expression « je craque », « je vais craquer ». Elle correspond assez bien au burn out, elle est légèrement familière, mais elle n'est pas médicale du tout. Ce n'est même pas la médecine de papa, mais c'est une façon bonhomme d'exprimer ce qui ne va pas avec une image assez pittoresque. « Oh, je vais craquer » : on évoque un bruit inquiétant. Craquer, bien sûr, c'est un vieux mot d'origine onomatopéique, comme on dit. C'est-à-dire dire que c'est l'imitation d'un son qui devient un mot. Et cela évoque aussi un mouvement. Pas exactement une explosion, mais comme une cassure générale. C'est ça craquer. Une déchirure, un sac, un panier, une caisse peuvent craquer, c'est-à-dire qu'ils sont censés contenir, mais ils n'y arrivent plus. Sous le poids ou sous le volume, eh bien ils se fendent. Et l'expression « je vais craquer » est nettement antérieure en français, mais c'est familier je le répète, à ce fameux anglicisme burn out dont l'image est plus brûlante bien entendu, puisque to burn ça veut dire brûler en anglais. Et puis craquer, c'est moins lié à une situation de travail et d'emploi. On craque si votre femme ou votre mari vous en demande trop. Agacement, exaspération... On n'arrive plus justement à mettre tout cela sous le boisseau. On craque...
Alors pourquoi pas surmenage ? C'est à peu près la même chose que le burn out, moins médicalisé, moins technique et moins propre au rapport entre l'employeur et l'employé, entre l'entreprise et le salarié.
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