Le « Titre 42 » occupe les pages de nos journaux. Il désigne un dispositif migratoire aux États-Unis : Title 42. Cette traduction peut interroger même si le mot « titre » a de nombreuses significations… Écoutez les explications d'Yvan Amar dans cette chronique, avec sa transcription.
En partenariat avec la Délégation Générale à la Langue française et aux Langues de France (DGLFLF).
Le mot de l'actualité avec la délégation à la langue française du ministère de la Culture. Yvan Amar.
Le titre 42 occupe les pages de nos journaux. Il pourrait être levé aux États-Unis dans les heures ou les jours qui viennent. Le titre 42, c'est-à-dire ? Bah, la loi 42, peut-être plus précisément l'article de loi 42. Un peu comme « Catch twenty two », l'article 22, qui avait permis de nommer un film. Et ce titre en anglais, « title », qu'est-ce que c'est ? Tout simplement un court texte législatif qui est inscrit dans un autre plus long, une sorte de dispositif légal qui précise les conditions légales également dans lesquelles on peut entrer aux États-Unis. Et ce titre 42 prévoit notamment qu'on puisse renvoyer ceux qui ont pénétré sur le territoire américain sans avoir de visa légal quand ce visa est nécessaire.
Alors, on vient de le dire, le mot français, c'est titre, et il traduit l'anglais title, T - I - T - L - E. Donc, les deux mots sont proches à une consonne près, puisqu'en français c'est T - I - T - R - E. Prononciation différente, mais title est plus proche de l'origine, et l'origine c'est le latin titulus avec un L, comme en anglais.
Mais en français, de toute façon, ce mot n'a pas du tout la même signification qu'en anglais, et pourtant les sens sont nombreux. Et un titre, c'est d'abord la désignation d'une situation honorifique qui repose soit sur une compétence, soit sur une dignité qui vous est reconnue. Par exemple, quand on soutient une thèse de doctorat, thèse universitaire, eh bien on devient docteur. C'est un titre. Et ce titre, il est bien souvent prononcé quand on s'adresse à vous : on vous appelle docteur tel et tel. Et la plupart du temps, quand on ne précise pas d'ailleurs, il s'agit d'un doctorat en médecine. On appelle docteur le médecin. Au point qu'on dit souvent « on va chez le docteur » - pas « on va au docteur », la faute de français par excellence, presque - mais on dit « on va chez le docteur » quand on va consulter un médecin. Mais on peut aussi bien être docteur en psychologie, en physique, en littérature, etc. Et puis, on peut aussi être professeur des universités, être ingénieur. Professeur, ingénieur, ce sont également des titres.
L'origine du mot, elle est ancienne. Elle nous fait penser bien sûr à la noblesse. Un titre de noblesse, c'est la désignation de votre rang dans l'aristocratie : baron, duc, marquis, etc. Et comme il s'agit d'une façon de se présenter, le sens du mot a dérivé. C'est l'expression qui condense et qui nomme par exemple un ouvrage, un livre, un film, une pièce de théâtre, une toile, etc. « L'idiot », voilà un titre court. « Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans jamais oser le demander », voilà un titre long. Eh bien souvent, ces titres sont ceux de la presse. La nouvelle a fait les gros titres, dit-on.
Mais le mot a encore d'autres usages. Notamment, on parle de titre à propos de la proportion d'un métal précieux dans une pièce de monnaie. Ce qui explique d'autres emplois du nom, titre, et même du verbe titrer. On dit vin qu'il titre douze degrés cinq quand il a cette proportion d'alcool.
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