Une panacée universelle guérit-elle mieux qu’une panacée tout court ? Et d’abord qu’est-ce exactement qu’une panacée ? Écoutez les explications d'Yvan Amar dans cette chronique, avec sa transcription.
En partenariat avec la Délégation Générale à la Langue française et aux Langues de France (DGLFLF).
Le mot de l'actualité avec la délégation à la langue française du ministère de la Culture. Yvan Amar.
« Il n'y a pas de panacée » à la guerre en Ukraine, a déclaré Li Hui, qui est l'émissaire chinois en visite à Kiev. Et l'information a été transmise par RFI, bien évidemment traduite parce que Li Hui, il est chinois, donc il ne s'est pas exprimé en français. Mais enfin grâce à la traduction, on a très bien compris le message qui d'ailleurs a été exprimé avec une autre formule dans le sous-titre du même article : pas de panacée, pas de remède miracle. Et c'est bien ça une panacée, un remède miracle qui pourrait, dit-on, tout guérir complètement et instantanément.
Alors, bien entendu, en français, on va trouver le mot à la négative, comme si il n'y avait pas de remède miracle, comme si c'était quelque chose d'illusoire. Et on trouve ce mot de panacée dans des phrases qui regrettent que la panacée n'existe pas. Elle est totalement absente, ou alors ce n'était qu'un leurre, c'est-à-dire une fausse bonne idée, porteuse d'un espoir fou et finalement déçue. Et le mot s'emploie la plupart du temps à la manière d'une mise en garde : « Attention, ce n'est pas une panacée. Vous fondez trop d'espoir sur quelque chose qui ne va pas tout arranger. C'est un emplâtre sur une jambe de bois, comme on dit parfois, c'est-à-dire un médicament inutile ou peu efficace. »
Et ce mot de panacée, il est d'origine latine, mais le latin l'avait emprunté au grec. Et d'ailleurs, on peut le décomposer : Panákeia, en grec, est constitué d'un deuxième élément -akos, dont le premier sens est : secourable, et ça désigne un remède. Et puis pan ou pane, c'est le premier préfixe du mot panacée, et ça signifie : tout, totalement. Donc la panacée, a priori, ça guérit tout. Et le mot est devenu dans la mythologie grecque un nom propre, celui de la fille d'Esculape, d'Asclépios en grec, qui est le dieu des médecins et de la médecine.
Alors, cette substance miraculeuse, que dit-on cherchait les alchimistes comme une sorte de pierre philosophale, un secret de l'immortalité, de la santé éternelle, eh bien, cette substance a fait rêver. Et on précise souvent d'ailleurs panacée universelle. Alors déjà, j'aperçois les puristes de la langue française qui froncent les sourcils. Comment ça, une panacée universelle ? C'est un pléonasme ! Ce qui est vrai, parce que, une panacée, par définition, c'est universel. Il n'empêche, l'expression s'entend. Est-ce qu'elle est vraiment condamnable ? C'est un cliché, ça c'est sûr. Mais enfin, tout pléonasme n'est pas à blâmer, parce que cette forme d'expression qu'on appelle un pléonasme, qui consiste à dire deux fois la même chose, sert très souvent à accentuer son propos. Et on trouve ça, par exemple, chez les enfants : Maman, je t'aime beaucoup, disent-ils. Mais si ils disent : « Maman, je t'aime beaucoup, beaucoup, beaucoup », on voit toute la jubilation et toute la force du sentiment.
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