[AFFAIRES] Expliquer: l’économie informelle
Trois jeunes entrepreneurs africains expliquent pourquoi ils travaillent dans le secteur informel.
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► EXERCICE - Extrait de Afrique économie du 7 décembre 2016
► LEXIQUE
La situation dans le temps : depuis ; pour l’instant ; pour commencer ; ensuite ; il y a ; aujourd’hui ; venir de.
L’entrepreneuriat : un audit ; un défi ; un/une partenaire ; s’associer ; monter une structure ; s’implanter ; un siège social ; un client/une cliente ; un entrepreneur/une entrepreneuse ; un secteur ; porteur/porteuse ; un marché ; lancer un produit.
La finance : un contrôle de gestion ; des fonds propres ; un financeur/une financeuse ; un/une mécène ; un prêt ; un taux ; prohibitif/prohibitive ; une taxe ; capitaliser ; investir ; une rente ; un épargnant/une épargnante.
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Cyrus Nabana est d'origine centrafricaine. Depuis plusieurs mois, il essaie de monter son cabinet d'audit et de contrôle de gestion à Bangui, ce qui n'est pas un petit défi.
J'essaie de trouver des partenaires avec qui je peux m'associer pour monter la structure. La principale difficulté, ça va être s'implanter. Pour avoir un siège social, il faut avoir les moyens pour communiquer avec les éventuels clients. C'est une question d'argent. Pour l'instant, j'ai financé par mes fonds propres et ensuite, en fonction des marchés que je vais obtenir, ben j'essaierai de trouver un financeur, soit une banque, soit un mécène qui croit en mon projet et qui souhaite m'accompagner. Pour commencer, il me faudrait à peu près la somme de 35 à 40 000 euros.
La plupart des banques du continent refusent de financer les jeunes entrepreneurs africains. Si elles le font, les prêts sont accordés à des taux prohibitifs. La jeunesse se tourne donc vers le secteur informel. Khaled Igue est le président du thin tank Club Afrique 2030.
Pourquoi les gens sont dans l'informel en fait ? C'est parce qu'ils n'ont pas les outils aujourd'hui qui leur permettent de créer leurs entreprises dans un système donné. Donc ce qu'ils font, c'est trouver un système parallèle pour pouvoir montrer leurs activités. Il faut donner les outils, mettre le financement à disposition et les gens vont entreprendre naturellement en Afrique. Il faut juste donner les moyens pour que les gens puissent structurer l'informel et comprendre qu'ils doivent payer une taxe, mais quand les gens paient une taxe, il faut qu'ils soient capables d'avoir accès aux services. C'est du donnant donnant. Donc, il faut accompagner tout ce système.
Et capitaliser sur l'informel peut se révéler porteur. Africab est une compagnie de taxis ivoirienne, née il y a moins d'un an. Aujourd'hui, elle est propriétaire de 90 taxis et dispose de plus de 40 000 clients. Africab a structuré le marché du taxi ivoirien qui était complètement informel. Pour son développement, l'entreprise vient de lancer un nouveau produit : Africab Invest. Vangsy Goma, son fondateur :
Vous investissez dans un véhicule, ce véhicule-là sera mis en gestion chez Africab et vous rapportera une rente mensuelle ou journalière. Alors l'idée, vraiment part du secteur informel. Aujourd'hui, en Côte d'Ivoire et surtout au plus large en Afrique de l'Ouest, il y a la culture d'investir dans des taxis. Des personnes qui sont des propriétaires mettent à disposition ces taxis à des chauffeurs qui sont chargés de leur ramener une rente journalière. Donc nous, on est partis de cette culture qui était déjà présente, on l'a modernisée. Sachant que nous, aujourd'hui, qu'est-ce qu'on a ? On a le client final et les chauffeurs que nous formons. On avait besoin de quoi ? Des voitures. Comment aller chercher des voitures ? On est allé voir les épargnants et on a mis ce produit-là en place. Et au bout de trois ans, vous avez doublé votre investissement.
Aujourd'hui, 80% des jeunes Africains travaillent dans le secteur informel.
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