Le français de l'université - Débattre : la féminisation de la langue française
L’écriture inclusive est un sujet qui fait polémique en France. À partir d’un extrait de l’émission Débat du jour, analysez les expressions employées pour animer un débat et exposer ses idées. Cet exercice s’adresse notamment aux étudiants et étudiantes qui souhaitent se familiariser avec le français universitaire.
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► EXERCICE - Extrait de Débat du jour du 23 octobre 2017
► LEXIQUE
La grammaire française : s’accorder ; un nom au masculin/ au féminin ; l’usage ; le genre ; le générique masculin ; un pléonasme ; une tautologie ; une règle d'accord ; « le masculin l’emporte » [règle de grammaire adoptée au 17e siècle et enseignée dans les écoles françaises : dans un groupe nominal, l'adjectif prend toujours le genre masculin s'il est précédé ou suivi de noms communs féminins et masculins. Exemple : « 99 auditrices et un auditeur sont présents »] ; un nom d’agent [activité, métier, statut, titre ou fonction] ; une faute.
L’écriture inclusive : une écriture experte ; patriarcal/patriarcale ; l'écriture avec les points ; alternatif/alternative ; l'accord à la majorité ; l'accord de voisinage ; la féminisation ; masculinisant/masculinisante.
L’enseignement : l’école primaire ; un professeur/une professeure des écoles ; savoir lire et écrire ; une conscience politique.
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On parle d'un pays qui a une autorité sur la langue, qui s'appelle l'Académie française, très réglementée, très centralisée. Mais on parle français ailleurs au Québec, en Belgique, en Suisse, en Afrique, puisque même sur et RFI, est ce qu'il y a pas un petit peu plus de souplesse dans ces pays là.
Mais infiniment plus, infiniment plus, et en particulier au Canada, dans les Canadiens sont vraiment là? Pas du tout du tout à cheval sur les règles qu'impose l'Académie française. C'est totalement ressenti comme totalement libéré de l'influence de l'Académie française et de même que les Suisses et les Belges qui sont beaucoup plus souples. Je pense qu'en France, il y a une espèce de tabou qui est imposé par l'Académie et les gens s'écrasent littéralement devant l'autorité de l'Académie, quelles que soient les circonstances, quels que soient les arguments pour ou contre qui peuvent être extrêmement bien documentés et bien bien valables. Et lui, du moment que l'Académie française a dit non à Maria.
Quand vous avez écrit l'Académie contre la langue française, dont on sent que vous êtes peut être un petit peu critique vis à vis de cette institution aussi très critique.
Et j'ai suivi les débats depuis les années 80 quand justement, au besoin de nommer les femmes dans leur métier avec les mots qui s'accordent pour tous les métiers, pas seulement pour les métiers traditionnellement féminins, ce qui paraissait absolument logique dans la logique de la langue. Donc, dans les années 70 et après la victoire de Mitterrand, c'était du coup porté au pouvoir. Il y a eu cette demande sociale. On veut avoir des noms pour tous les métiers en français, c'est comme ça. Et l'Académie aurait eu son rôle à jouer là, pour le coup, vous donner une liste. Vous voulez des noms féminins? On vous suggère là où il y a doute. Non, elle n'a pas du tout fait ce travail. Elle a fait un travail de sape idéologique pour essayer de freiner la langue. Elle n'a pas réussi, mais ça a quand même bien retardé les choses. Et au lieu de donner des listes de mots pour justement suggérer là où il y avait quelques hésitations, elle s'est surtout évertuée à dire que ça serait l'apocalypse, que le Français allait disparaître, qu'il était sabordé sur ses bases et que si on veut dire la présidente de la République, ça équivaudrait à dire madame Mitterrand ou madame Fabia. C'est alors un des arguments de Dumézil.
À la Colonelle pour dire la femme du colonel.
Du 17ᵉ, c'était l'usage dans la langue ancienne.
C'est seulement dans les années 80, donc du coup. Du coup, la langue a bien sûr évolué parce que les usages évoluent. Je pense que c'est très lié à l'organisation de la société. Le langage ne change pas la société, ni vice versa, la société ne change pas de langage de façon magique. C'est une évolution qui se fait de manière constante. Et pour moi, je vois une continuité. Donc les noms de métier, tous accordés au genre de la personne qui les exerce. Ensuite, les une réflexion sur le générique en général sur le sens non générique, les hommes ou l'homme. On parle plus de droits humains que de droits de l'homme, etc Donc toute cette réflexion a eu lieu. Vous avez raison de le dire beaucoup au Canada, en Belgique, en Suisse, pas seulement en France, un peu moins en Afrique, selon que selon mes connaissances, parce que probablement les milieux universitaires en Afrique sont plus maniéristes, sont plus à à la France, alors que les milieux universitaires et féministes canadiens sont déjà plus éloignés géographiquement et sur le plan symbolique. Peut être qu'il y avait plus de liberté de pensée sur ce point là. Mais moi, je vois une continuité dans la réflexion sur le générique. Ce qui va suivre, c'est à la réflexion sur l'accord, sur justement pourquoi, quand il y a un homme et 50 femmes, pourquoi on pourrait pas utiliser le féminin à la majorité? Ça me paraît assez logique. Donc je pense que ça sera le point suivant. Et l'écriture qu'on appelle maintenant inclusive, qui est en fait assez ancienne. C'est juste une façon d'écrire plus ou plus de façon plus brève, donc pour prendre moins d'espace et une écriture experte. Je pense qu'on n'a peut être pas la forme finale.
Alors moi.
J'ai fait un titre qui fait remarquer qu'on ne peut pas toujours éliminer l'emploi générique masculin parce qu'il y a des cas où c'est tout simplement c'est impossible.
Le mot n'existe pas au féminin.
C'est ce qui s'est passé? Non, pas du tout, Non, non, je pense. J'ai un exemple en tête d'un article du Monde s'agissant d'une élection présidentielle au Chili, je crois. Et donc le gender écrit Les deux candidats à la présidentielle sont des femmes, Oui. Alors qu'est ce que vous voulez faire? Vous n'allez pas dire les deux candidates à la présidentielle sont des femmes.
Ça serait un pléonasme terrible.
Eh oui, c'est une tautologie le genre. Et ça semblerait indiquer qu'il n'y a que des femmes qui sont susceptibles d'être d'être candidates et ce serait un plus, une tautologie. Et on ne peut pas dire non plus les deux candidats et on ne peut pas utiliser l'écriture inclusive parce que ce serait, ce serait absurde.
Alors on peut tourner la phrase et on peut.
Aussi faire autrement.
Une femme se présente à l'exemple.
Des deux candidats sont des femmes, mais je peux ajouter obligé d'avoir malgré un jeu de. Masculin. Et ensuite on va avoir un spécifique, ces deux femmes.
Je peux ajouter que quand on est journaliste en radio par exemple, ça nous arrive quand même très, très souvent de tourner les phrases pour pouvoir dire des choses comme ça. J'en reviens à l'écriture inclusive. Est ce qu'on peut réellement l'enseigner dans une langue qui est déjà compliquée? Ce n'est pas rajouter de la difficulté à l'enseignement. On sait que les enfants ont parfois du mal à savoir lire et écrire. À la fin de l'école primaire.
Mais alors ce que je sais, c'est que j'ai entendu beaucoup de profs des écoles qui disent que les filles se révoltent à sept ans quand elles entendent que le masculin l'emporte.
Mais que.
Ça.
Veut dire que ça montre quelque chose de la société dans laquelle nous vivons. Parce que, à sept ans, avoir une conscience politique sur cet aspect, ça veut dire qu'il y a quelque chose qui s'est passé. Et donc il faut qu'on trouve des solutions pour pour sortir de ce système et trouver une manière moins patriarcale d'enseigner les accords et de les mettre en pratique. Alors du coup, on peut trouver d'autres solutions adaptées à chaque âge. Pour moi, l'écriture avec les points, premièrement, on peut simplifier les points. On peut mettre un seul point, par exemple pas à pas deux. On peut trouver des choses un peu plus faciles, mais on peut commencer par autre chose. À l'école, on peut commencer par réfléchir à des règles d'accord non sexistes. Donc l'accord à la majorité, l'accord de voisinage d'un désaccord alternatif, déjà, ça permet de voir venir. On peut bien entendu utiliser les noms de métier accordés au genre de la personne qui les exerce pour absolument tous les métiers, pour avoir quelque chose de homogène en français. Donc déjà, ça, ça permet de défaire un peu le sexisme dans la langue. Et ensuite, si quand on commence à écrire des phrases un peu complexes avec des mots génériques qui renvoient à de l'humain, on peut commencer à l'école par enseigner les formes doubles, c'est à dire tous et toutes les auditeurs, les auditrices, etc, et cetera Et ensuite, quand on a besoin d'espace parce qu'on n'a pas tout de suite besoin d'économiser de l'espace avec les enfants, on peut passer à cette forme. En fait, les enfants apprennent très vite beaucoup de choses et notamment ils apprennent très vite des abréviations. Marina pour les.
Mêmes questions pour vous. Est ce qu'on peut plus réservé?
Est ce que certains outils que j'ai.
Rajouté de.
Quelque temps, je pense que la féminisation des noms d'un genre doit être poursuivie doit être totale et universelle. Alors là, on peut.
Le dire clairement, on parle des métiers auxquels.
Les noms d'un genre d'agencement des métiers, les noms d'agents, c'est de toutes les listes, toutes les activités, tous les statuts, les métiers, les titres, les titres, les fonctions, et cetera Donc j'ai ça. Je pense que le mouvement a été lancé il y a une quarantaine d'années. Je pensais avoir pas mal participé. Ça a beaucoup progressé, a même énormément progressé. Il y.
A encore parfois quelques petites difficultés.
Mais ça, ça doit vraiment totalement mais totalement réussir. Je pense qu'il y a eu un énorme progrès ces dernières années, d'ailleurs, sous l'impulsion des politiques, il faut bien le dire. Donc effectivement, là, le problème pour moi est pratiquement réglé. Bon, maintenant, l'écriture inclusive, c'est déjà un petit peu plus compliqué. C'est quand même une difficulté, je crois quand même supplémentaire. Je ne suis pas absolument sûr que l'accord pas majoritaire est forcément une bonne idée parce que déjà, les enfants ont énormément de mal à marquer les accords. Les accords en français, c'est quand même quelque chose d'assez monstrueux.
Avec quelque chose.
De extrêmement difficile. Moi qui suis une grande lectrice de journaux, mais je repère sans arrêt des fautes d'accord sur tous les accords de participes. Vous bien dire qu'ils sont presque toujours faux, mais c'est toujours.
Un truc que j'ai corrigé un participe dans mon introduction de l'émission tout à l'heure parce que je n'étais pas tout à fait sur le mode Oui.
Mais voilà, des accords de participants, c'est un véritable désastre dans la presse, y compris dans la presse, résume Le Monde. Il faut bien le dire. Donc voilà, là, j'ai peut être un peu des réserves sur la faisabilité, sur le côté pratique de d'imposer ce type de procédure.
Alors il va nous rester. Très peu de temps à chacune va les utiliser.
Petit exemple en lisant Le Monde tout à l'heure avant de venir ici, je tombe sur un article qui avec le titre suivant Élection du ou de la présidente de la Fed écriture inclusive? Non, même pas parce qu'en fait il n'y a pas le point du ou de.
Là, mais président. Oui, d'accord, c'est développe résidence, c'est envisager qu'il peut y avoir un endroit.
Alors c'est je pense quand même qu'il y a une explication à ça qui est que l'actuelle présidente de la Fed est Janet Yellen et donc précisément est une femme et on s'attend à ce qu'elle soit réélue. Donc je n'ai pas encore vu qu'il y a un.
Couple comme je l'imagine, qu'elle peut avoir aussi des femmes dans l'histoire. Tout à fait. Elle éprouve le besoin de marquer et je pense que peut être, pour finir, il ne s'agit pas d'imposer quoi que ce soit à qui que ce soit. Et je pense que les choses vont se passer exactement comme pour la féminisation des noms de métier. Les usages vont trancher et à un moment donné ou des pratiques masculines disantes vont devenir ringardes.
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