Serrer la vis, être cloué au sol, rester dans les clous...
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La vis et le clou font partie de la panoplie du bricoleur. Mais ils sont aussi à l'origine de plusieurs expressions. Yvan Amar nous explique tout dans sa chronique « Les mots de l'actualité ».
EXERCICE - Extrait de la chronique Les Mots de l'actualité du 29 janvier 2021
► LEXIQUE
La langue : une expression ; imagé/imagée ; évoquer ; faire écho ; figuré/figurée ; familier/familière ; une image ; linguistique ; un usage.
Les contraintes : interdire ; immobiliser ; fixer ; surveiller ; être sous contrôle ; visser ; être cloué au sol ; un empêchement ; arrimé/arrimée ; immobile.
Le bricolage : une vis ; visser ; un clou ; un bricoleur ; fixer.
Le code de la route : un passage protégé ; un passage pour piétons ; une chaussée ; une voiture ; traverser.
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Le mot de l'actualité avec la délégation à la langue française du ministère de la Culture. Yvan Amar.
Les arrestations et les perquisitions se multiplient en Russie et visent les proches ou les partisans d'Alexeï Navalny. Nouveau « tour de vis » répressif, annonce RFI. Avec cette expression « tour de vis » qui est imagée, facile à comprendre et qui évoque une pression augmentée, quelque chose qui interdit les libertés de mouvement, d'expression, de protestation. Le sens est clair on serre la vis aux opposants. L'expression serrer la vis existe également. Donc on a cette idée qu'on immobilise les opposants, qu'on les fixe. On empêche d'une certaine façon qu'il y ait du jeu. C'est surveillé, c'est sous contrôle. Et cette expression « tour de vis » fait écho au sens figuré et familier du verbe « visser » qu'on emploie souvent quand on fait référence à l'éducation des enfants, des jeunes gens. On parle d'une école où les élèves sont « vissés ». Et d'ailleurs, la dynamique de cette formule est tout à fait parlante, ça évoque presque une torture. Et ce qui est étonnant, c'est que les échos de ce verbe « vissés » sont tout à fait différents de ceux du verbe « clouer ». Alors même que ces deux éléments, la vis et le clou, font partie de la panoplie de base du petit bricoleur : ça sert à fixer.
Et le verbe « clouer », il a aussi des sens figurés et il s'utilise souvent, par exemple à propos d'avions qui ne peuvent pas décoller. Ils peuvent être cloués au sol par une grève, une mauvaise météo, des pannes ou même dans un cadre plus guerrier par l'aviation adverse qui les guette. Et l'image insiste sur l'empêchement malgré le désir des pilotes ou des compagnies, les avions sont dans l'impossibilité de décoller. Est-ce qu'ils sont maintenus au sol ? Bien plus que ça. C'est comme s'ils étaient arrimés, transpercés. Et cette idée du clou qui accentue l'impuissance de celui qui ne peut plus bouger, elle est impressionnante et peut-être derrière se profile l'image de la crucifixion du Christ. Oh peut-être, mais ça se profile loin. Pourtant, on peut dire que l'image de la passion est toujours présente en filigrane dès qu'on parle de clouer autre chose que deux planches. Par exemple, La collection de papillons est bien plus proche dans cet inconscient linguistique, de cette image du clou. On a l'image de ces malheureux lépidoptères qui sont beaux, qui sont morts quand les ailes déployées et qui sont accrochés côte à côte pour être immobiles à jamais. Mais attention, les clous ont aussi un usage figuré tout à fait différent, ce qu'on appelle maintenant des passages protégés ou des passages pour piétons, c'est-à-dire des bandes blanches qui sont peintes sur la chaussée, étaient jadis délimitées par de gros clous argentés. Les voitures étaient tenues de s'arrêter pour laisser passer les piétons qui traversaient dans les clous. Ça fait bien longtemps que ce ne sont plus des vrais clous qu'on a sur nos chaussées, mais l'expression est restée et a pris justement un sens un peu différent. « On est dans les clous », c'est assez à la mode de dire ça. On est dans les clous si on ne fait rien d'illégal, si on respecte le règlement, si on est irréprochable, attention, il faut rester dans les clous.
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