La clause Molière, la langue de Molière...
L'écrivain Molière est le symbole de la langue française. Yvan Amar nous explique tout dans sa chronique Les mots de l’actualité.
Publié le : Modifié le :
► EXERCICE - Chronique Les Mots de l'actualité du 20 mars 2017
► LEXIQUE
La langue : une appellation ; une expression ; une périphrase ; courant/courante ; un style ; une image ; prendre au pied de la lettre (expression) ; un accent ; le vocabulaire.
La législation : une clause ; une disposition ; imposer.
Le monde artistique : un écrivain/une écrivaine ; connu/connue ; un auteur/une autrice ; incontestable ; une renommée ; une culture ; une littérature ; un personnage ; écrire ; l'époque classique ; un pseudonyme ; les gens de théâtre (expression) ; un nom de scène.
► DOCUMENTS À TÉLÉCHARGER
► TOUS LES ÉPISODES DU MOT DE L'ACTUALITÉ
Les mots de l'actualité avec le CNDP. Yvan Amar.
La clause Molière fait parler d'elle abondamment depuis quelques jours. Et il s'agit d'une disposition qui vise à imposer la langue française sur les lieux de travail, notamment dans le domaine du bâtiment et des travaux publics, sur les chantiers, mais aussi dans bien d'autres environnement professionnel.
Alors cette clause n'est pas toute récente : elle a un an. Elle est née en mars 2016 à Angoulême, en France, dans les Charentes. Et ce nom de « clause Molière » est celui qu'on a donné à ce qui s'appelle d'abord « clause de langue française ».
Alors pourquoi cette appellation de « Molière » ? Derrière ce mot apparaît l'expression, bien sûr, « langue de Molière ». Communément, quand on dit « la langue de Molière », c'est une expression, une périphrase pour dire « le français ».
Alors on trouve d'autres expressions composées sur le même calque pour désigner d'autres langues. La plus courante, c'est « la langue de Shakespeare », c'est l'anglais. Mais presque aussi couramment, on dit « la langue de Goethe », c'est l'allemand. Plus rarement, on peut parler de « la langue de Cervantès » pour l'espagnol, « la langue de Dante » pour l'italien. On a compris le principe : on désigne une langue d'après l'un des écrivains les plus connus qu'il l'a utilisée. Pas n'importe lequel : un auteur incontestable, assez ancien, dont la renommée est indiscutable.
Alors pourquoi Molière pour le français ? On aurait pu avoir Victor Hugo : ce sont les deux auteurs qui, dans l'imaginaire de la culture française, représentent le plus cette littérature.
Ce qui est étonnant, c'est qu'il n'y a pas vraiment de langue de Molière. Les styles de Molière, ils sont multiples selon les personnages qu'il fait parler : Scapin ne parle pas du tout comme Don Juan ni comme Tartuffe. Mais Molière écrit un peu après 1650, il représente bien cette époque qu'on appelle classique.
Alors, bien sûr, quand on parle de « la langue de Molière », c'est une image, il ne faut pas la prendre au pied de la lettre. Si, par une quelconque magie, on pouvait entendre Molière parler, eh bien, je crois qu'on ne comprendrait pas grand-chose ! Parce que l'accent du français, en trois siècles et demi, et même le vocabulaire du français ont tellement changé qu'il faudrait vraiment une beaucoup d'adaptation pour comprendre ce que Molière nous dirait.
Alors, qu'est ce que c'est que ce nom de « Molière » ? Eh bien, c'est celui que s'est donné Jean-Baptiste Poquelin. On prenait très souvent des pseudonymes chez les gens de théâtre à l'époque, plus encore qu'aujourd'hui. Pourquoi Molière ? L'écrivain n'a jamais vraiment voulu le dire, même à ses meilleurs amis, paraît-il. C'est ce que dit Grimarest, qui a été le premier biographe de l'auteur.
Donc, on a un mystère de ce pseudonyme, qui est un nom de village assez fréquent, et qui un nom tout particulièrement français. Et d'ailleurs, « Molière », on l'écrit toujours aujourd'hui avec un « e » accent grave, alors que l'auteur lui-même, Jean-Baptiste Poquelin, quand il écrivait son nom de scène, n'a jamais mis d'accent sur le premier « e » de « Molière ». Encore un mystère !
Voir moins Voir plus