Fin décembre, Noël… période des cadeaux… Ce mot est le plus simple et le plus courant en français pour parler de ce qu’on offre à quelqu’un. Ce mot est récent dans le sens qu’on lui connaît. Il appartient au départ au langage de la calligraphie. Le terme est aujourd’hui fort banal, et s’utilise avec des verbes différents : faire un cadeau, offrir un cadeau, même si ça peut paraître un peu pléonastique. En revanche, le terme cadeauter n’est en usage qu’en Afrique où il s’entend beaucoup et où il s’utilise comme un verbe ordinaire. Écoutez les explications d'Yvan Amar dans cette chronique, avec sa transcription.
Le mot de l'actualité avec la délégation à la langue française du ministère de la Culture. Yvan Amar.
Voilà, la fin du mois de décembre, voilà la période de Noël, la période des cadeaux. Et il est certain que ce mot est le plus simple, le plus courant en français, pour parler de ce qu'on offre à quelqu'un, en général pour lui faire plaisir, et aussi pour le plaisir de donner. Eh bien, très bizarrement, voilà un mot tout à fait courant, mais qui est relativement récent dans le sens qu'on lui connaît, pas contemporain, mais enfin il prend cette signification autour du début du XVIIIᵉ siècle. Alors est-ce qu'auparavant le mot n'existe pas ? Si, mais il a des significations tout à fait différentes. Le mot cadeau, en effet, il s'apparente à des termes aussi différents que chef ou même chapeau, et il apparaît en français vers le XVe siècle, et on l'emprunte au provençal.
Alors il appartient au départ au langage de la calligraphie, c'est-à-dire de l'écriture, un cadeau ou parfois même un capdel, qui est un mot de la même racine, de la même famille, c'est simplement une capitale, c'est-à-dire une première lettre, une lettre initiale qui commence un paragraphe ou une ligne, et qui va être tout spécialement ornée et décorative. Et, le sens du mot va légèrement se déplacer vers tout ce qui permet de l'agrémenter. Cela désigne l'ornementation assez luxuriante qui améliore la lettre elle même, tout ce qui sert en fait au plaisir de l'œil, qui meuble la page : une quantité de fioritures qui s'échappe du corps du texte pour remplir les espaces blancs. Premier déplacement important, on appellera cadeau tous les effets de langage qui n'apportent aucune information concrète, mais qui rendent le discours plus plaisant à écouter, tout ce qui permet de séduire en fait. Et ces cadeaux seront des fleurs de rhétorique qu'on trouve dans les discours pour convaincre, ceux des avocats, mais, à partir de là, glissement de sens, enfin presque un peu plus qu'un glissement, une glissade, un saut, qui installe le mot dans le langage de la galanterie. Un cadeau, c'est ce qui cherche à plaire, ou plutôt ce qu'on offre pour plaire. Ça va donc devenir un souper, une fête organisée pour les beaux yeux d'une dame qu'on cherche à éblouir et peut-être un peu plus. Alors, à partir de là, le mot prend son sens actuel qui s'est singulièrement éloigné de son usage d'origine.
Aujourd'hui, il est tout à fait banal, il s'utilise avec des verbes différents : faire un cadeau, ce qui... on dit même offrir un cadeau, ça peut paraître un pléonasme, dire deux fois la même chose, mais en fait c'est une phrase extrêmement fréquente et qui ne choque personne. Et en revanche, le verbe cadeauter est important parce qu'il n'est en usage qu'en Afrique, cadeauter pour dire faire un cadeau. Et parfois même, on dit cadonner dans un français qui apparemment est tout à fait acceptable, mais qui ne se trouve que dans une zone géographique de la francophonie.
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