Bande dessinée, BD, 9ᵉ art… Trois expressions pour renvoyer à la même discipline, mais trois formules qui témoignent de manières différentes de la désigner et de la considérer. Le Festival d’Angoulême nous donne l’occasion de faire le point. Écoutez les explications d'Yvan Amar dans cette chronique, avec sa transcription.
Le mot de l'actualité avec la délégation à la langue française du ministère de la Culture. Yvan Amar.
Grâce au festival d'Angoulême qui se déroule en ce moment dans cette ville française qui est presque à la limite du Sud-Ouest, on parle beaucoup de bande dessinée. Le festival d'Angoulême, une manifestation tout à fait importante pour célébrer la discipline. Donc voilà la BD à l'honneur. La BD, là encore voilà des initiales qui sont tout à fait courantes, B comme bande D comme dessinées. L'expression est usuelle en gros depuis le milieu des années 70. Elle est courante. On parle même de bédéiste pour ceux qui composent, qui inventent des bandes dessinées. Attention, ce mot est beaucoup moins fréquent que BD, il n'est utilisé qu'entre passionnés ou professionnels et d'ailleurs on l'entend beaucoup plus en Afrique qu'en Europe.
Donc on parle de BD de façon un peu familière et de 9e art si on veut donner plus de respectabilité à la chose. C'est peut-être un mot de journaliste, mais en même temps c'est une façon de donner à la BD ses lettres de noblesse. Pourquoi 9e art? Parce que les huit autres existaient déjà. Jusqu'au début du XXᵉ siècle, il y avait 6 arts, 6 disciplines qu'on considérait comme vraiment les arts importants. C'était hérité de l'Antiquité et on avait l'architecture, la sculpture, la peinture, la musique, la poésie et le théâtre. Et puis, au XXᵉ siècle, on invente le cinéma, considéré d'abord comme simplement un moyen de divertissement. À partir du moment où on s'est mis à discourir sur le cinéma, à le considérer comme un mode d'expression à part entière, on s'est dit que là aussi, il fallait lui donner une expression qui montre qu'il avait une respectabilité. Donc on l'a appelé le 7e art. Ensuite, le 8e art serait considéré par les arts des médias photo, télévision, radio. On n'en parle pas beaucoup, mais le 9e, c'est la bande dessinée. On se retrouve un peu dans la situation dans laquelle était le cinéma. Parce que pendant longtemps, on a considéré les bandes dessinées comme des expressions mineures faites pour les enfants ou pour ceux qui n'avaient pas le courage de lire autre chose, ceux que la lecture pouvait rebuter.
Souvenons nous de quelques vieilles appellations pour tout ça. On parlait des petits mickeys, aujourd'hui, les petits mickeys, on sait même plus ce que c'est, mais c'était une expression courante. Alors quand on parle de 9e art, on fait montre de beaucoup plus de considération et on sait que les formes de ces bandes dessinées, elles changent aussi. Certaines d'entre elles échappent à ce carcan d'une bande qu'on dessine avec des vignettes successives, des petits rectangles et des bulles pour encadrer les dialogues. Le rapport texte image évolue. Et souvent, on entend parler aujourd'hui de roman graphique. Alors est ce que là encore, on se cherche une nouvelle respectabilité? La distribution entre texte et image à changer dans le roman graphique, mais ça correspond quand même à une évolution réelle.
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