Soupçons de favoritisme à l’égard d’un ministre en exercice. Mais qu’a-t-il donc fait ce ministre ? De quoi est-il soupçonné ? Le favoritisme serait-il un délit ? Écoutez les explications d'Yvan Amar dans cette chronique, avec sa transcription.
Le mot de l'actualité avec la délégation à la langue française du ministère de la Culture. Yvan Amar.
Le ministre du Travail français, est épinglé, nous dit-on, pour des soupçons de favoritisme dans l'attribution de marchés publics de l'eau, alors qu'il était maire d'Annonay plusieurs années. Alors, il est épinglé. Voilà une image pittoresque, c'est-à-dire qu'on a découvert des indices qui autorisent cette suspicion, ce soupçon. On rend ces indices public et du même coup, on le transperce de cette interrogation, de cette accusation, comme si on le perçait d'une épingle pour l'immobiliser jusqu'à ce que l'affaire soit éclaircie. Mais enfin n'allons pas trop vite. En France, nous avons une présomption d'innocence. Elle protège le suspect tant que sa faute n'est pas prouvée. Mais il s'agit quand même de favoritisme et il est soupçonné d'avoir passé des marchés avec une société, non pas parce qu'elle assurerait les meilleurs services, mais parce qu'il souhaitait l'aider.
C'est bien cela le favoritisme. On abandonne l'examen objectif neutre des propositions qu'on vous fait et on les regarde pas toutes du même œil. On avantage l'une de ces propositions. Et c'est bien cela que veut dire favoriser, avantager. Souvent sans raison avouable, parfois de façon plus neutre ou même de façon positive. Très ouvertement, on peut dire qu'on a favorisé un projet parce qu'il paraissait intéressant et utile. On l'a aidé à voir le jour. Et l'adjectif favori a également un sens tout à fait respectable. C'est un peu l'équivalent de préférer on parle de son dessert favori, de sa destination favorite pour les vacances. On peut aussi glisser vers un usage différent et parfois insinuer, laisser comprendre que cette préférence n'a pas lieu d'être.
Le favori, et là j'utilise le mot comme un nom commun, bah ça peut devenir ce qu'on appelle le chouchou pour un parent ou pour un professeur. Le chouchou, c'est celui qu'on aime plus que les autres dans une collectivité. Non seulement ça, mais c'est celui qu'on traite de façon un peu différente en raison de cette préférence. Est ce qu'on le chouchoute? Pas exactement ce verbe familier, il a un usage différent : chouchouter, c'est dorloter, c'est bien traiter, sans idée particulière d'un traitement de faveur. Et bien sûr, à côté du favori, au masculin, on a la favorite au féminin qui désigne en général la maîtresse préférée d'un roi, d'un monarque, de quelqu'un de très puissant. Ça nous renvoie à une situation de monarchie. Le roi a droit, en plus de sa femme, à des maîtresses. Enfin, il a droit... disons que c'était souvent la tradition. Ces maîtresses sont presque officielles, elles sont parfois nombreuses. Et parmi toutes celles-ci, on sent bien que l'une d'elles parle davantage au cœur du souverain, et c'est celle-là qu'on va appeler la favorite.
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